Bazar bazar

26/01/2022
Hier soir, alors que je m'endormais, l'inspiration m'a remué les idées. Des mots, des tonnes et des tonnes, des cargos de mots en provenance de mon inconscient, déposés sur le quai de ma conscience. Je flottais dans un demi-sommeil, mi bercée mi secouée par les flots de l'inspiration retrouvée. C'était somptueux, c'était terrible. Les mots dansaient entre eux, et formaient un ensemble cohérent dans mon cerveau mi endormi mi excité. Les phrases s'ordonnaient dans une harmonie idéale. Le texte était bien propre, bien rangé et même joliment décoré. Un texte sur le thème du désordre... J'étais tellement fière du paradoxe ordonné de ma réussite sur le bordel. J'évoquais tout, et dans le bon ordre, pas comme ça, en bazar : le besoin de pagaille pour le travail, le curieux sentiment de sérénité quand les tiroirs explosent de papiers. Et la recherche d'une maison au carré, les réflexes de propreté complètement barrés, l'aspiration effrénée du petit grain de poussière, de la petite miette d'hier. Je te faisais visiter les coulisses d'une cervelle en bordel, parfumée au monsieur Propre et garantie sans mouton. Je parlais de lâcher prise, d'alternance ordre et désordre... J'essayais te le vendre comme recette du bonheur. Même si, ton avis compte pour du beurre... Faut pas se leurrer, je cherchais juste à déculpabiliser. D'être maniaque. D'être bordélique. D'être contradictoire. D'être vivante, enfin. J'avais réussi mes métaphores, je t'avais fait rire, je t'avais ému. Tu avais compris que le bordélisme n'était pas du tout de la fainéantise. J'avais mis mes tripes dans le texte. Mes tripes emballées proprement, et jetées sur un plan de travail rempli de vaisselle sale... Tu vois ? J'avais même choisi une image pour illustrer mon texte. Une photo de mon espace de travail pour faire sérieux, mais en bordel pour faire réel. Enfin, je terminais mon billet sur une note optimiste et déterminée.


Et puis finalement, j'ai fermé les yeux et j'ai sombré. Je t'ai pas écrit pour de vrai, désolée.

 
Trop la flemme.


© 2020 Mathilde L, PAU
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